Antoine Picard nous a rendu visite deux fois sur une courte période : le 11 juin pour poursuivre son travail méthodique de prélèvement du réel dans le Jardin bleu puis le 20 juin parce que j’avais proposé à quelques artistes (Loreleï David, chanteuse Lyrique, Eric Yvelin, compositeur, Audray Gaysan, danseuses~performeuse) à venir expérimenter le Jardin Bleu comme lieu d’exploration artistique.
Dans la série présentée ici, cherchez l’image qui confirme que le travail d’Antoine Picard tient à un fil, qu’il tire. Le réel est un chaos, un écheveau à démêler qu’Antoine nous offre dans cette série de photographie depuis deux ans. Il fait un travail d’ethnographe que nous avons peut-être du mal à regarder tant son attention porte sur le banal, le quotidien. Mais que plus tard, nos enfants et petits-enfants regarderont avec intérêt car les images sont truffées d’informations sur ce que l’on est, comment on est, comment nous agissons.
Avec Antoine, nous nous retrouvons sur l’idée qu’il ne s’agit plus d’explorer notre planète de manière extensive (par trop colonisatrice et extractiviste) mais de façon intensive. Les confins ont disparu et nul centimètre carré n’est ignoré de notre globe. C’est la terre que nous avons sous nos pieds, au bas de chez nous, notre jardin, notre quartier, nos lieux de vie banals et quotidiens qu’il s’agit de ré-investir. À la manière d’un explorateur, nous plongeons à la découverte de notre banalité pour ne plus aller voir « ailleurs » comme c’est censé être mieux et ne pas laisser la place vacante aux extrêmes-droites la question de nos territoires et de la façon dont nous nous les réapproprions.
Il y a une dimension politique dans le travail d’Antoine Picard en portant une vrai attention à ce que nous sommes et ce que nous faisons de nos territoires de vie.